«Quels sont les rôles du partenaire à l’accouchement?»

«Que puis-je faire pour aider ma femme ?»

Voilà deux questions qu’on entend assez souvent quand on accompagne les futurs parents à préparer la naissance. Des questions légitimes qui nous parlent de la bonne intention du partenaire à prendre part à l’expérience et d’y apporter ce qu’il peut.

Or, il n’y a pas tant à « faire » dans un accouchement.

La femme qui accouche n’a pas besoin d’être « sauvée » ou même « aidée » par son ou sa partenaire. En fait, elle a principalement besoin de sentir que celui-ci ou celle-ci est LÀ, qu’il.elle croit en elle, et qu’il.elle ne doute pas une seule seconde. Pour expliquer cette simple vérité, j’ai quand même répertorié quelques points importants expliquant comment y arriver, à être LÀ, et y croire.

Suivi sage-femme

Premier rôle clé du partenaire: Être LÀ et AVEC.

Être là, dans la présence et la bienveillance, avec amour et confiance, est certainement la meilleure chose à faire pour une femme qui accouche. Si le partenaire est ainsi, il saura « danser » avec le présent qui dévoile  l’unicité de l’accouchement. Il saura tendre son bras pour que sa femme s’y tienne en sortant du bain. Il saura lui apporter de l’eau près de ses lèvres une fois la contraction terminée. Il comprendra vite qu’il ne doit pas parler pendant qu’elle souffle ses vagues. Il anticipera qu’elle pourrait vomir à nouveau en gardant le bol près de lui. Bref, s’il sait être là, présent entièrement, il découvrira quoi « faire » à mesure que progresse l’accouchement.

S’il y a un moment dans la vie où l’expérience se vit en étant au diapason avec l’autre personne, c’est certes l’accouchement. Être « avec » sa femme qui accouche, c’est comme lui faire l’amour avec attention et ressenti, ne laissant place à aucune autre pensée, et ce, aussi longtemps que ça dure.

Si le partenaire accepte d’être LÀ, AVEC, en diapason et en mode avion, peu importe la durée du voyage, alors vraiment tout devient possible et incroyablement favorable à un déroulement optimal de la mise au monde.

Deuxième rôle clé du partenaire: Se mettre en MODE AVION.

Un accouchement physiologique (et dans la conscience) ne se vit pas autrement qu’en « mode avion ». Même si je suis assez « pour » le fait que vous installiez une application de « contraction timer » sur votre téléphone intelligent afin de calculer la fréquence et la durée des premières contractions. Je suis le type de sage-femme qui impose assez fermement qu’une fois que la femme est entre les mondes, les téléphones intelligents et autres bidules électroniques doivent rester hors portée, et idéalement éteints.

Une femme n’accouche pas aussi bien quand la réalité ordinaire continue de s’imposer autour d’elle, à coup de clics de notifications !

— Manon pense à toi.  Elle t’envoie trois cœurs !

Ce n’est pas Manon n’est pas fine, mais pendant que le partenaire a les yeux penchés sur son téléphone, il n’est pas LÀ et AVEC sa femme. En fait, sans même le savoir il menace potentiellement le bon déroulement de la physiologie.

Une femme qui accouche entend tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Si  le partenaire est ailleurs (sur son fil Facebook par exemple), elle pourrait se sentir seule et se mettre à sécréter de subtiles sécrétions d’adrénaline qui se manifesteront par des contractions irrégulières, plus courtes et peu efficaces.

Il est donc fondamental pour le bon déroulement de l’accouchement qu’une fois le travail actif bien établi, le partenaire se laisse aussi emporter dans l’aventure de naissance et que rien d’autre que sa femme qui accouche ne retienne son attention.

Et comme l’accouchement n’est pas terminé avant la naissance du placenta, il est bon de rappeler que le mode avion doit continuer jusqu’à ce que maman et bébé soient confortablement installés sous les couvertures, et que la famille soit à nouveau seule dans la chambre. Là, vous pouvez informer la planète entière si vous voulez !

Sans blague, un partenaire qui fait des appels, ou qui surf sur les réseaux sociaux pour publier la photo de son enfant tout juste né, alors que le placenta est encore à l’intérieur de sa femme, est un facteur de risque élevé pour une hémorragie postnatale. Sachez-le !

Troisième rôle clé du partenaire: Y croire, y croire, et y croire encore !

La femme a tout ce qu’il faut en elle pour accoucher son bébé et le placenta qui vient avec. C’est inscrit dans chacune de ses cellules à travers ses deux chromosomes X.

Mais comme l’humain est un être évolué doté de la capacité de penser et analyser, pendant un accouchement le mental peut nous jouer des tours. Je vous ai dit plus haut que « la femme qui accouche entend tout haut ce que tout le monde autour pense tout bas ». Or, si les gens autour n’y croient pas, et particulièrement son partenaire de vie en qui elle a confiance et sur qui elle se repose quand elle est vulnérable, il est fort probable qu’elle vive l’accouchement dans la peur et stress. Résultat, la peur et la panique qu’elle ressent l’empêcheront de bien dilater et elle aura besoin d’être « sauvée » par les savoirs miraculeux de la science moderne : épidurale, syntocinon, césarienne, etc.

Si au contraire, son partenaire croit en sa capacité d’accoucher, qu’il lui dit et qu’il l’encourage, avec conviction et sans hésitation, la femme sera plus encline à souffler ses contractions et laisser son col s’ouvrir.

— Tu es tellement bonne.C’est incroyable comme tu es forte !

— Je suis là, repose ta tête sur moi. Profite de ta pause, ne pense à rien. Je t’aime mon amour. J’ai tellement hâte de le voir ce bébé.

— Vas-y, souffle là la contraction, reste molle. Oui, c’est ça. Comme tu es bonne ! Je t’aime.

Bref, croyez-y. Et quand elle arrive au sommet (la transition) et qu’elle n’y croit plus, qu’elle crie haut et fort « Je suis plus capable ! », eh bien, croyez-y encore plus. Ne dites rien si l’intensité vous dépasse, mais soyez LÀ, AVEC elle, et croyez-y.  Elle entendra toute votre conviction à croire en sa capacité d’accoucher.

Quatrième rôle clé du partenaire: Il n’y a pas grand-chose à dire.

Si vous êtes le type de personne qui ne parle pas beaucoup dans la vie, vous serez comblé ici ! Face à une femme qui accouche, il n’y a souvent rien à dire. Comme elle entend tout haut ce que vous pensez tout bas, elle n’a plus vraiment besoin des mots là où elle s’en va pour devenir mère.  On en revient à la présence, à savoir être LÀ et AVEC, et y croire avec conviction.

Comme sage-femme, j’ai beaucoup appris sur le comment être LÀ et AVEC la femme, en observant les partenaires. Ils sont LÀ, près d’elle, disponibles au besoin, présents, patients, et sans attente. Après plus de quinze ans à observer les naissances, j’en ai passé des heures à les regarder et m’inspirer d’eux. Chaque fois ils m’ont aidée à devenir une meilleure sage-femme…

Combien de larmes j’ai versées, trop émue de les voir être LÀ, malgré l’inconnu et l’incompréhension parfois, à rester silencieux, mais tellement dans l’amour et la confiance. Le silence assumé des partenaires lors d’un accouchement est certainement une de leur plus grande force.

Parler à une femme en travail, lui poser des questions et la ramener dans son cortex cérébral (puisqu’elle voudra nous répondre) est potentiellement très nuisible à la sécrétion d’ocytocine, cette hormone de l’amour (qui crée les contractions) excessivement gênée quand il y a trop de papotages autour !

Le silence amoureux est un hymne à l’ocytocine que la plupart des partenaires ont le don inné de jouer.

Cinquième rôle clé du partenaire:  Participer à la préparation et connaître les souhaits de sa femme.

Sans lire tous les livres sur la naissance et tout savoir sur l’accouchement, du Néandertal à l’ère moderne, il importe que le partenaire fasse un minimum de préparation en vue de l’accouchement.

Que désire sa femme ? Pourquoi ? À quel point est-ce important pour elle ? Comment voit-il le plan de naissance ? A-t-il des peurs à aborder et travailler ? Comment voit-il son rôle ? Veut-il seulement être là ?

Je suis consciente que la vie va vite et que beaucoup de partenaires travaillent énormément et n’ont pas le temps d’aller à toutes les rencontres avec le médecin ou la sage-femme, mais si le couple peut s’accorder ne serait-ce qu’une soirée (au lieu d’écouter Netflix  ce soir-là) pour discuter de l’accouchement et partager leurs visions, je pense que c’est un minimum essentiel pour aller accoucher au diapason.

D’ailleurs, d’ici un mois j’offrirai une préparation virtuelle à la naissance sur mon site. Idéal pour les couples pressés qui ont besoin d’apprendre en mode accéléré ! Pour en savoir plus,  c’est ici.

 

Sixième rôle clé du partenaire: « Le partenaire est la personne la plus importante dans la pièce ! »

Quand j’ai entendu cette phrase sortir de la bouche de Whapio la première fois, j’ai été choquée ! Je n’étais pas du tout d’accord. La femme n’est-elle pas la personne la plus importante lors d’un accouchement ? Évidemment, voyons !

Voici l’explication à cette affirmation étonnante…

Quand une femme accouche entourée de médecin, infirmières ou sages-femmes, dont l’approche est médicale et impose une prise en charge, elle devient excessivement vulnérable et n’est plus « en état » de prendre des décisions consenties.

Dans un contexte médico-patriarcal qui prend en charge la femme qui accouche, ce qu’on voit la plupart du temps c’est que celle-ci va se soumettre à ce que l’autorité médicale lui dira et ce même si les recommandations sont contre ses plus grandes convictions.

À cause de l’altération des hormones sur sa conscience, et la vulnérabilisation du décor hospitalier dominant, le partenaire devient donc en quelque sorte le gardien des souhaits et des convictions de naissance.

Imaginons que le bébé vient de naître et que le médecin s’affaire aussitôt à couper le cordon malgré le fait qu’on a dit en arrivant qu’on ne souhaitait pas couper le cordon avant la naissance du placenta, ou du moins avant que le cordon soit blanc. (Découvrez pourquoi ici).

Or, malgré cette demande claire, il est fort probable que le médecin qui n’y croit pas au clampage tardif, aura le temps de couper le nouveau-né de son précieux-sang avant même que la mère (trop occupée à accueillir le bébé) s’en rendre compte!

MAIS, si le partenaire reste dans son rôle de « protecteur » et qu’il dit ceci au médecin :

— Non, vous ne coupez pas le cordon de mon enfant. N’osez même pas clamper cette clampe ! Vous n’avez pas mon consentement.

Légalement, le médecin est tenu de respecter le souhait du parent.

S’il ne l’écoute pas, qu’il coupe le cordon (d’un bébé rose en train de pleurer) alors qu’on lui a bien dit de ne pas le faire, qu’il agit contre le consentement du parent, et bien si ce dernier le poursuit en justice c’est lui qui va gagner !

C’est pour ça que le partenaire est la personne la plus importante de la pièce. Parce que c’est lui qui a le dernier mot en quelque sorte…

J’ai déjà vu un père dire :

— Il y a trop de monde dans la chambre. On n’est pas au théâtre ici. Toi, toi, toi et vous deux, vous SORTEZ !

Tout le monde est sorti et la femme a pu accoucher dans la dignité.

Bref, le partenaire a un rôle clé de « protection » dans l’accouchement de sa femme.  S’il en prend conscience et qu’il assume son rôle avec douceur (en évitant d’être violent, sinon il fera affaire à la sécurité !) et intelligence, il peut vraiment faire une différence sur l’expérience de sa femme et de son nouveau-né.

Préparation à la naissance

Septième rôle clé du partenaire: Have fun, embrassez-vous et souriez !

Tout ceci étant dit, un partenaire impliqué dans la préparation et le déroulement de l’accouchement est réellement un facteur favorable pour un accouchement physiologique et gratifiant.

Quand on assume la prémisse qu’accoucher est normal, physiologique et sécuritaire , qu’on a plus peur de ce processus millénaire que la science a médicalisé à souhait et à tort, alors tout devient possible.

Un partenaire présent, impliqué et aimant fera augmenter la sécrétion d’hormone de l’amour (ocytocine) dans le sang de sa femme, favorisant alors des contractions efficaces et un bon déroulement du travail.

Les couples qui s’aiment, qui s’embrassent, s’enlacent et rient ensemble, sont ceux qui accouchent le mieux. L’explication est simple, ils sont pleins d’ocytocine !

Sur ce, bon accouchement !

Accoucher dans le vortex de la naissance