Accoucher dans un vortex
L’accouchement est le processus par lequel l’humain se reproduit. L’homme et la femme s’unissent quand celle-ci est fertile et la femme s’occupe du reste. S’en suit une grossesse de plus ou moins dix lunes, au bout de laquelle la femme enfante, telle une déesse. C’est un processus fiable et sécuritaire et ce n’est pas d’être naïf que d’y croire. En fait, l’humain a probablement commencé à douter de l’accouchement quand il a oublié que l’enfantement se vit dans le vortex de la naissance. Un vortex vieux de plusieurs millions d’années.
La confiance est la clé d’un accouchement réussi
Une femme qui accouche n’a pas besoin de grand-chose, à part la confiance que le processus aura lieu et que les gens autour y croient autant qu’elle.
Après tout, l’Histoire nous a montré à quel point l’accouchement est un processus efficace. En effet, trois millions d’années plus tard, de l’Homo habilis à l’Homo sapiens, par leur capacité d’accoucher, les femmes ont toujours continué d’assurer la survie de l’espèce Homo.
Elle est petite dans l’Histoire la parenthèse du patriarcat dominant la naissance et, plus ça va, plus les femmes de l’ère moderne choisissent d’accoucher comme avant, à l’origine du monde, quand la naissance était encore simple. Ces femmes refusent le paradigme médical comme priori de l’enfantement. Elles accouchent informées, dans leur pouvoir, entourées de gens qui croient en elles, sans pour autant les prendre en charge.
Préparer la naissance en démystifiant l’accouchement
Il est bon d’en connaître au moins un minimum quant aux sensations qui se présentent pendant un accouchement. Comment les contractions nous racontent la dilatation du col, la descente et le réflexe d’éjection? Comment se passe l’accueil du nouveau-né ? Et la complétion de l’accouchement (je vous explique tout ça dans ma préparation virtuelle) ?
Quand on sait (au moins un peu) où on s’en va en allant enfanter, il est plus facile d’accepter les altérations de conscience qu’impose la traversée du vortex de la naissance. L’enfantement est un voyage vers l’inconnu qui peut surprendre et même faire peur si on n’est pas bien préparé.
Nous savons depuis longtemps, et les données probantes nous le prouvent de plus en plus, à quel point la peur et le doute sont opposés aux facteurs favorisant un accouchement physiologique. Ils mènent à tout coup vers une naissance dénaturée. De là l’importance de les déconditionner en prénatal.
Bien préparer la naissance pendant la période prénatale, mettre ses intentions au clair et s’entourer de gens qui croient en notre capacité d’accoucher sont certainement les principaux facteurs favorisant la réussite d’un accouchement naturel.
Le vortex de la naissance
On n’accouche pas dans la réalité ordinaire, celle-là qu’on connaît dans la vie de tous les jours. Pour accoucher, on doit quitter la réalité, le connu, et partir vers un ailleurs où naissent les bébés. Un ailleurs aussi loin que l’inconscient, là où on télécharge notre capacité d’être mère (autant de fois qu’il le faudra).
Pour s’y rendre, dans cet ailleurs des naissances, c’est toute une panoplie d’états, énergies et sensations, qu’il faut traverser. C’est ce qu’on appelle, le Vortex de la naissance. C’est ce vortex qui va permettre à la femme qui accouche de s’ouvrir jusqu’à son inconscient et de laisser naître son bébé.
Pour enfanter, la femme va devenir intensité et puissance. Elle va devenir le vortex même de son accouchement.
Le vortex, étape par étape
Le vortex de la naissance commence à se créer dans le troisième trimestre de la grossesse, alors que la conscience du présent devient subtilement altérée. Peu à peu, la réalité ordinaire perd de son importance. L’attention est centrée sur l’arrivée de l’enfant et l’éminence de l’accouchement. L’urgence de faire son nid et de tout préparer deviennent les seules priorités. C’est l’étape qu’on appelle, l’embarcation.
Orchestrées par un cocktail hormonal plus-que-parfait, les contractions sont de plus en plus présentes, causant toutes sortes de sensations nouvelles. Comme celles du col qui se dilate et du bébé qui descend. Plus la naissance approche, plus les hormones se potentialisent, jusqu’à lever le voile sur la réalité ordinaire.
Quand son regard devient un peu plus absent et que ses yeux deviennent vitreux, tellement elle est déjà ailleurs, c’est que ça s’en vient. La femme va bientôt accoucher. Un signe beaucoup plus fiable que le fameux bouchon muqueux !
Quand elle a passé le voile qui la sépare du reste du monde, la femme accouche guidée par son instinct et ses hormones. Elle accepte l’inconnu. Elle plonge dans l’intensité des contractions et les embrasse une par une. Elle sait son pouvoir. Elle s’est préparée et elle n’a pas peur. Parce qu’elle sait qu’elle va y arriver !
Si tout est favorable autour d’elle, après être passée de l’autre côté du voile, la femme sera vite entre les mondes. Entourée des gens qu’elle aime, qu’elle a choisis et en qui elle a confiance. Elle sait que si à tout moment elle a peur, ou qu’elle doute, elle n’a qu’à ouvrir ses yeux pour retrouver sa confiance dans leurs regards bienveillants. Elle le fait. Jamais dans sa vie elle n’a été aussi brave. Elle s’ouvre avec chaque contraction, puis se repose dans chacune des pauses. C’est presque facile !
Plus elle s’approche de la grande ouverture sur son bébé, plus les sensations sont intenses. La femme fait son sommet dans le vortex des naissances. C’est l’étape que la science moderne appelle transition. Si elle ne s’était pas préparée, elle pourrait penser qu’elle va mourir tellement le vortex est puissant. Mais elle sait que c’est un passage normal, et qu’il ne reste que très peu de col pour que son bébé puisse naître. Alors, elle souffle son col, jusqu’à être complète.
Une fois au sommet du vortex, les contractions se calment. Après tant d’efforts pour s’ouvrir, aussi bien profiter de la vue et se reposer un peu! La quiétude est cette étape de la pause bien méritée, celle-là même qui permet au téléchargement d’avoir lieu.
La pause sera plus ou moins longue, et il ne faut surtout pas s’en faire. Parfois, la femme peut même dormir. Toutes ne deviennent pas mères à la même vitesse et la pause au sommet du vortex des naissances est variable d’une naissance à l’autre.
Après un certain temps, la marée remonte et les contractions reviennent. Cette fois, elles ne tirent pas sur le col et ne donnent pas l’envie de pousser. Elles sont là pour faire glisser bébé vers le bas, jusqu’au périnée. C’est quand il arrivera assez bas que les contractions de la marée laisseront place aux vagues déferlantes, celles-là qui amènent le réflexe d’éjection du fœtus. Ouverte aussi grande que la Sheila Na Gig (1), alors la femme enfante et son enfant naît, en quelques minutes seulement.
Son bébé tout juste né, la femme est encore bien loin dans le vortex des naissances. Et pour aller à la rencontre de son nouveau-né elle devra d’abord faire son retour. Elle sait qu’il est né, elle entend ses pleurs, mais pour aller à sa rencontre, elle doit avant tout revenir du subconscient et retrouver sa conscience.
Pour certaines, le retour prendra une fraction de seconde, pour d’autres, en quelques minutes. Dans tous les cas, tout est parfait. Le nouveau-né aussi revient de loin et pendant que sa mère fait son retour, il arrive lui aussi tranquillement. Si on observe bien la femme dans ces moments du retour, on la voit parfois tourner de tout son corps, comme si elle glissait sur les ondulations du vortex qui revient à la Terre. C’est magnifique !
Une fois revenue de l’ailleurs des naissances, alors la femme cueille son bébé et va à sa rencontre. L’abondance d’ocytocine est palpable. Elle va tomber en amour avec son bébé, retomber en amour avec son partenaire, qui tombe aussi en amour avec son bébé et de nouveau avec sa femme. Le bébé tombe aussi amoureux avec eux. Tout n’est qu’amour quand une famille vient de naître. C’est pourquoi il importe que les professionnels reculent. Sinon, la femme risquerait de tomber amoureuse de son médecin ou sa sage-femme au lieu de son bébé et son partenaire.
Encore attaché à son placenta, le bébé s’incarne un peu plus à mesure que son cœur pompe le Précieux Sang, encore gorgé dans le placenta. Il se rosit un peu plus chaque minute, à mesure qu’il retrouve le tiers manquant de son volume sanguin. Il est de plus en plus vigoureux de sa volonté de vivre. Une famille est née et elle est en communion.
L’espace intemporel de l’accueil du nouveau-né est sacré et l’importance de le respecter est primordiale à l’achèvement de la naissance en cours. Pendant que l’ocytocine coule à flots et que la famille est amoureuse, l’utérus de la femme se prépare à expulser le placenta.
Si le calme et le silence des gens autour persistent, que le couple reste concentré à accueillir son nouveau-né et que la femme se souvient que la naissance n’est pas terminée tant que le placenta n’est pas sorti, la complétion de l’accouchement devrait se faire en douceur et sans soucis, dans l’heure suivant la naissance.
À l’étape de la complétion, les contractions reviennent à la charge, motivées à expulser le placenta. La femme aura envie de s’y attarder et elle prendra quelques minutes pour s’y concentrer. Certaines se mettront accroupies, d’autres à genoux. Certaines vont tout simplement souffler, d’autres vont aussi tirer doucement sur le cordon, pour aider un placenta resté pris dans le col, ce qui est fréquent quand l’accouchement est rapide. Le tout se fera en douceur, avec des regards tendres vers son bébé, encore accroché au placenta. Pour voir une complétion autonome, je vous invite à regarder le vidéo au bas de ce billet.
Une femme a accouché. Son bébé est né, avec son placenta. Le vortex de la naissance a eu lieu. Le postnatal immédiat se dévoile, une tétée à la fois. À travers les éveils de son nouveau-né, la mère découvre l’être pour qui elle est allée si loin télécharger sa capacité à être mère. Souvent, elle repense à l’accouchement. Elle fait le tissage de l’histoire, à mesure que les souvenirs reviennent et qu’elle raconte une nouvelle fois son récit de naissance. Un tissage qui va durer toute sa vie, parce qu’on n’oublie jamais notre passage dans le vortex des naissances.
Références
Holistic Stages of birth, par Whapio
http://tripfreakz.com/offthebeatenpath/sile-na-gig-sheela-ireland
https://accoucheralamaison.ch/les-etapes-holistiques-de-la-naissance/
*Les photos publiées dans ce billet sont la généreuse donation d’une famille ayant accouché avec des sages-femmes. Merci de respecter leur intimité.
merci
[…] La suite ici : https://quantikmama.com/accoucher-dans-le-vortex-de-la-naissance/ […]
Magnifique récit!
Tellement vrai ❤️.
Faisons confiance en la nature, elle est tellement bien faite.
Merci pour ce texte de toute beauté : je le trouve très juste, puissant, étayé, et simplement universel.
Il me donne terriblement envie d’accoucher une 3em e fois, lire vos mots éveille en moi une grande puissance, sans doute le souvenir de ce vortex, qui comme vous l’ecrivez, ne s’oublie jamais ❤
Magique, tellement hâte de le revivre en étant préparée et en pleine conscience. Merci Karine
oui, oui et oui … c’est vraiment la magie que j’admire quand je n’agis pas tout en étant présente pleinement ….
Léa, sage femme en MDN
OMG Karine, si seulement j’avais écouté ton podcast avant mon accouchement…!!! Mon petit Lucien a un peu plus de six mois aujourd’hui et il s’est présenté en siège complet depuis le presque début de ma grossesse. Moi qui voulais accoucher en maison de naissance ai dû faire le deuil de ce beau projet à mesure que je comprenais que mon bébé ne se retournerait pas (malgré les exercices de spinning babies, la visualisation, l’acupuncture, les massages et même… la version externe). J’ai tout de même voulu un accouchement voie basse, ce qui impliquait 1h20 de route depuis ma montagne. Mais aussi accoucher à l’hôpital, avec une péridurale posée « au cas où ». J’ai fait tout le travail, douze heures de navigation entre deux mondes. Et puis, l’obstétricien m’a dit qu’il était temps de pousser… je savais moi, je sentais que ça n’était pas encore le moment mais j’ai pas osé refuser. J’ai obéi… et je n’y arrivais (évidemment) pas !!! Alors le mental est revenu bien fort, tous les risques qu’ils me martelaient depuis le début de mon choix d’accouchement en siège voie basse. J’ai paniqué. Et j’ai demandé la césarienne. Parce que j’avais peur de mourir, que mon bébé meurt ou n’ait des séquelles. Aujourd’hui c’est ok, parce que c’est sûrement ce que je devais vivre pour vouloir éviter à d’autres femmes de le vivre. Mais tout de même. Si j’avais su…