Je n’ai jamais accouché seule, ou en famille, comme il vaut mieux le dire. Parce que si certaines femmes accouchent seules, c’est-à-dire sans médecin ni sage-femme, elles sont la plupart du temps accompagnées par leur chériE, leur famille et parfois une amie ou une doula. À ce jour, je n’ai jamais rencontré une femme qui ait accouché seule, avec personne dans la maison ou autour. C’est pour ça qu’au terme accouchement non assisté (ANA), je préfère de loin les termes « accouchement libre » ou « naissance en famille. »
Je disais donc que je n’ai pas accouché seule. Chaque fois, il y a eu soit un médecin (à mon premier) ou une sage-femme (à mes deux autres), ce fut parfait ainsi. À l’époque, c’était mon choix, ou plutôt, mon réflexe. À mes trois grossesses, je n’ai jamais pensé que je pourrais accoucher seule. Oh, j’avais bien quelques amies qui l’avaient fait. Mais la plupart c’était par faute d’avoir accès à une sage-femme, et moi j’en avais une sage-femme ! À l’époque, je ne connaissais pas encore Cynthia, Debby, Alex, Leyla…
C’est fou comme le paradigme médical façonne notre vision de la naissance dès notre plus jeune conscience. Dans ma conception, pour accoucher il me fallait la présence d’une sage-femme, pour les « au cas où ».
Le temps a passé et l’histoire s’est écrite. Les rencontres ont eu lieu. Une, puis une autre, et encore une. Depuis deux ans, j’ai lu, échangé, écouté et rencontré près d’une centaine d’histoires de femmes qui ont accouché en famille. J’ai écouté des dizaines de podcasts de Freebirth Society, Taking Back Birth, Birthful Podcast, j’ai lu des blogues et j’ai reçu des récits de femmes de partout dans le monde ayant vécu une naissance en famille.
Certaines l’ont fait par dépit, parce que leur sage-femme n’était plus « à l’aise », d’autres l’ont fait d’instinct comme si c’était l’évidence même et qu’il n’existait aucune autre option.
Avec le temps, j’en suis même venu à regretter de ne pas avoir d’autres enfants et pouvoir vivre une naissance en famille. J’oserai même dire que c’est encore un deuil en processus, celui de savoir que plus jamais je n’aurai la chance de vivre intrinsèquement ce que toutes ces femmes ont en commun : avoir enfanté librement avec comme seul guide la sagesse de leur corps, leurs peurs apprivoisées et leur foi en la vie.
Aux yeux des adeptes du paradigme médical de la naissance, il peut paraître fou ce choix (dans mon cas, ce fantasme !) d’accoucher seule. Pourquoi vouloir mettre en danger sa vie et celle de son bébé ?
« Et si tu saignes ? »
« Et s’il a un cordon autour du cou ? »
« Et s’il ne respire pas ? »
« Et s’il meurt ? Tu vas t’en vouloir toute ta vie ! »
Les commentaires ne manquent pas quand une femme informe son entourage de son projet. C’est pour ça que la plupart choisiront de garder le secret. Même Cynthia à son quatrième m’a dit: « Je te trouve un peu trop vite sur les conclusions de prétendre que je vais accoucher seule ! Comment puis-je savoir ça avant que mon bébé ne soit en train de naître ? »
Disons que sa réponse m’a rassise dans mon humilité! Grâce à elle, j’ai compris que ces femmes qui accouchent seules ne vendent pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Elles savent qu’il n’y a aucune garantie quand on porte et enfante un bébé et elles ne tiennent rien pour acquis, pas même leur désir d’accoucher en famille.
Bien sûr, certaines femmes choisiront d’en parler et ne seront guère impressionnées, ni influencées, par leur entourage, mais je remarque que la tendance penche souvent vers la discrétion. Comme on ne dit pas aux gens que ce soir on va faire l’amour dans telle ou telle position, ça ne les regarde pas de savoir qu’on souhaite une naissance en famille.
Certains choisiront (par réflexe) de les juger ces femmes et familles qui accouchent seules, et même de les mettre dans la catégorie des « folles inconscientes qui prennent des risques pour leur vie et celle de leur bébé ».
Moi, je sais d’expérience que ces femmes sont toutes sauf inconscientes. Elles sont hyper informées, la plupart du temps elles ont lu tout ce qu’il y avait de pertinent sur le web ou dans les livres. Certaines ont lu plus de livres sur la naissance que la moyenne des sages-femmes et médecins ! Elles ont un groupe Facebook secret où d’autres femmes et familles qui accouchent seules se soutiennent et s’informent. Elles y partagent des documents comme le « anti-bleeding tea », « la dystocie d’épaule », « bébé ne respire pas », etc.
Elles accouchent seules, mais pas seules
Elles enfantent en famille, sans sage-femme ni médecin, sans leurs directives ou leurs limites professionnelles, légales et protocolaires. Elles accouchent en femmes libres, sauvages et guerrières, assumées et entourées de leur famille, parfois d’une amie ou d’une doula.
Assumées jusqu’à savoir que la mort est une option et ce, même à l’hôpital ! Elles n’adhèrent pas à la croyance qu’il leur faut absolument un sauveteur pour accoucher. Elles savent qu’il n’y a aucune garantie, que donner la vie c’est aussi donner sa mort certaine, un jour, qu’on espère le plus lointain possible. C’est ainsi depuis que le monde est monde.
Elles savent aussi qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur, pas comme tente de nous faire croire le paradigme médical. En fait, elles n’y adhèrent pas à ce paradigme médical. Pour elles, accoucher c’est normal, voire banal. Un événement extraordinaire certes, mais normal et banalement inscrit dans le quotidien de la famille, comme une grande fête longuement attendue et préparée.
Au fond, ces femmes ne sont pas si différentes de vous et moi. Elles ne sont pas plus braves, ni plus folles. Elles ont peur elles aussi, comme toutes les femmes qui s’en vont accoucher. Elles ont leurs craintes, leurs peurs et leurs angoisses. Seulement, elles font avec. Elles se gèrent !
La différence, je crois, c’est que ces femmes acceptent davantage que la vie est plus grande qu’elles et qu’au final, on n’a pas grand pouvoir sur la vie, la mort et la maladie.
Elles embrassent la destinée telle qu’elle doit être.
Ces femmes qui accouchent seules : une minorité minoritaire
Elles sont en effet peu nombreuses ces femmes et familles qui accouchent seules. Elles constituent une infime minorité de la minorité des familles qui accouchent à la maison avec une sage-femme.
Depuis quelques années, avec l’émergence des réseaux sociaux, on remarque qu’il y a de plus en plus de femmes qui accouchent en famille. Une des hypothèses à cette hausse est la médicalisation à outrance de l’enfantement. L’État, avec son système de santé et ses lois, limite de plus en plus les professionnels de la naissance à accompagner certaines femmes et famille dans leur projet de naissance.
Dans certaines régions d’Europe, les sages-femmes n’ont plus le droit d’aller aux accouchements à domicile. Alors les femmes font leur suivi avec leurs sages-femmes qui les préparent le mieux possible, et celles-ci accouchent seules, avec leur famille. C’est ce que Stéphanie St-Amant appelle un « ANA par défaut », dans son texte « Nous sommes les freebirther : Enfanter sans peur et sans reproche », en 2014. (1)
J’ai accouché seule…
« J’ai choisi d’accoucher en famille parce que je sentais que si une sage-femme ou un médecin était présent, j’étais menacée. Je ne pense pas que leur travail est inutile et qu’ils nuisent à toutes les femmes qui accouchent, au contraire ! Seulement pour moi, l’idée qu’on m’évalue, qu’on m’ausculte et qu’on documente mes performances, ça sonnait tout faux dans ma conception de la naissance. J’ai fait ce bébé toute seule avec mon chéri. Je suis une femme en santé et ma grossesse a été merveilleuse. Mon bébé bougeait bien, je le sentais fort. Nous n’avions besoin de personne. J’étais préparée. Je savais à peu près les sensations qui m’attendaient. Je savais que la panique du sommet est normale et qu’on ne doit pas la craindre. D’ailleurs, quand j’étais là-haut, au sommet, et que l’intensité m’a fait si peur que j’ai pensé appeler de l’aide, je me suis rappelé que ça voulait dire que mon bébé arrivait bientôt. Ça m’a aidé à retrouver mon calme et ma confiance. Mon fils est arrivé une heure plus tard ! Le placenta a mis du temps à sortir, une bonne heure, au moins. Je n’avais pas de saignements et je me sentais bien, je savais donc que tout allait dans l’ordre des choses. Après un temps, j’ai eu envie d’en finir avec cette naissance. Je me suis accroupie, j’avais quelques crampes et elles étaient de plus en plus fortes. Mon chéri a mis un bol en dessous de moi et en quelques poussées (soufflées) mon placenta est sorti. Il était magnifique! Pour rien au monde, je n’aurais voulu que ça se passe autrement. Personne n’a mis ses doigts dans mon vagin. Personne ne m’a dit comment pousser. Personne ne m’a pris en charge. J’ai accouché en femme libre et j’ai rencontré l’aube de tout ce que je suis capable de faire. »
— Roxanne, Mathieu, et bébé Roméo. Août 2017
Quelques arguments qui poussent les femmes à accoucher seules :
- Le très faible risque de mourir du processus de l’enfantement comparé à celui que nous courrons tous les jours, à travers nos activités courantes comme conduire une voiture, faire du vélo, monter/descendre un escalier, traverser une rue, etc. C’est vrai quoi, plus on fouille sur le sujet plus on s’aperçoit que les complications associées à la naissance sont souvent liées aux interventions du paradigme médical lui-même. Pour les femmes qui accouchent seules, l’hôpital est loin d’être la panacée. Aux yeux de ces femmes, si leur corps sait implanter un ovule fécondé, fabriquer un embryon, puis un foetus et un placenta, et nourrir ce placenta pour qu’il amène le foetus jusqu’à maturité terrestre, il n’y a aucune raison que le corps ne sache pas accoucher ses bébés.
- Les risques associés aux interventions de routine et à l’impact du territoire de naissance médical sur les processus physiologiques de la naissance. Le fait d’être observée, monitorée, évaluée, guidée, voir même dirigée, quand on accouche dans le paradigme médical, sont des stimuli qui stimulent le néocortex de la femme et qui atténuent le bon fonctionnement de son cerveau reptilien, là où sont sécrété l’ocytocine et l’endorphine, qui vous le savez surement déjà sont LES deux hormones essentielles au déroulement normal de l’enfantement.
- La nature socio-historique du paradigme médical, avec ses forces politiques et sociales ayant médicalisé le processus de l’accouchement jusqu’à le rendre sous la juridiction du système de santé de l’état. Depuis trois cents ans, la détermination patriarche de la médecine a peu à peu dominé les modèles traditionnels sages-femmes, jusqu’à les éradiquer pendant un temps, puis les médicaliser jusqu’à outrance.
- Ces femmes qui accouchent seules refusent l’objectivisation du corps de la femme par la médecine du XXe siècle, avec ses sciences obstétricales et gynécologiques. Ici, pas question d’être prise en charge, on ne se fait pas accoucher !
- Le refus de la pathologisation de la naissance et de la construction sociale de sa dangerosité. Les femmes qui accouchent seules n’adhèrent pas à l’argumentaire de la complication imprévisible et imprédictible. Elles sont trop bien informées pour ça !
- La diminution des taux de mortalité et morbidité maternelle et néonatale observée parallèlement avec la médicalisation des naissances à la fin du 19ème siècle, n’est pas plus en lien avec l’avènement de la médecine obstétricale qu’avec l’amélioration des facteurs de salubrité et des conditions de vie. Nos grands-mères qui mourraient en couche y perdaient la vie davantage parce qu’elles étaient épuisées d’avoir autant d’enfants rapprochés et que les conditions de vie n’étaient pas favorables, que parce que l’accouchement est un processus si peu fiable et risqué.
- La nature n’a pas conspiré contre les femmes en les rendant inaptes à enfanter leurs propres bébés. La très courte parenthèse de la médicalisation des naissances dans l’existence de l’Homo Sapiens n’a pas encore changé la capacité des femmes à enfanter comme elles savent si bien le faire depuis trois cent mille ans.
- La dimension sexuelle de l’accouchement. Pour les femmes qui accouchent seules, la naissance est aussi intime qu’un acte sexuel. Mêmes hormones, mêmes besoins d’intimité et de confiance. Marie-Hélène Lahaye l’explique dans son billet « La mère et la putain » :
« Un petit détour par la biologie permet de démontrer que l’accouchement est non seulement l’aboutissement d’un processus qui a débuté par la sexualité, mais a en soi des mécanismes similaires à l’activité sexuelle. Les organes concernés sont les mêmes: un vagin et un périnée qui se dilatent pour permettre le passage d’un autre corps, un utérus qui se contracte de façon certes plus intense mais semblable à un orgasme. Plus intéressant encore, les hormones qui entrent en jeu sont exactement les mêmes pendant une relation sexuelle et pendant un accouchement. » (2)
Avez-vous déjà accouché seule ou en famille?
Si vous souhaitez partager votre récit, écrivez-moi à karinelasf@gmail.com, ou partagez-le ici dans les commentaires pour l’offrir aussi aux autres.
Références :
(1) https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2014-v27-n1-rf01435/1025462ar.pdf
(2) http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2013/10/02/la-mere-et-la-putain-dans-la-salle-daccouchement/
(3) http://www.cynthiadurand.ca/2017/02/mon-vagin-mon-accouchement.html
Superbe texte karine 💕
Comme a ton habitude!
Jai aussi choisi aussi une naissance en famille pour ma troisième grossesses, je nai pas de recis, des que je m’assois.. Je nai rien a ecrire, appart ” ca bien été” je veux dire c’etais juste un beau deroulement de chose naturel. Quand ca va bien cest presque non nessaisaire a raconter.. Mais je dirais que cerais un miment de douceur, jai ete aimée suporter par ceux que jaime, ca sentais bon le chez moi, jy etais confortable.. Et mon bb aussi. Et même apres deux ans.. J’en ressent une grande douceur en y pensant.. Et malgré une distocie de lepaule moi, mon corp ont as su ce parler et tout ces bien passer sans panique sans obligation de position.. Ont as sue quoi faire tout naturelement..
Bref non ont est pas des folles qui mettent nos bb en danger! Nous somme confiante a nos capacité celle quont essaie de faire taire..
Merci karine xx
Merci Nadia pour ces mots du coeur. <3
C’est bon de te lire Karine !
Les femmes peu à peu se (re)réapproprient leurs corps et la naissance de leurs bébés, et rien ne pourra faire entrave à ce nouveau paradigme dont tu parles si bien.
Merci pour ta belle contribution à cet éveil sur le sujet.
Et douce et heureuse année 🙂
<3
Merci Karine de traiter ce sujet avec autant d’ouverture et de conscience.
Mes 4 filles sont nées à la maison. 2 AAD, 2 naissances en famille.
J’ai cheminé vers ce second choix quand Michel Odent est venu éclairer la naissance autrement avec “Votre bébé est le plus beau des mammifères”.
J’ai adoré mes accouchements, notamment les deux derniers, qui m’ont ouverte à ma plénitude de femme.
Ce choix fondateur dans mon parcours de femme impliquait, pour moi, d’être responsable de ce que j’entreprenais (ce qui incluait n’importe quelle issue). J’ai donc misé sur la connaissance plutôt que la peur et l’ignorance ; par conséquent je me suis beaucoup documentée, et notamment j’ai échangé avec de nombreuses femmes – et quelques hommes, lors de « rencontres Naissances », ou via des listes de discussion consacrées. J’ai mené de profondes réflexions sur la vie, la mort, sur la responsabilité, l’autorité médicale, etc … et ce système de santé dans lequel je ne m’identifiais pas (j’étais pourtant infirmière). Ce faisant, j’ai beaucoup appris sur moi-même. Les expériences des unEs enrichissaient la mienne, les témoignages des autres nourrissaient ma vision.
Naissances paisibles. L’une debout dans de l’eau jusqu’aux seins. La seconde dans un cocon neigeux.
La douceur et la paix ne s’appliquent pas à mes premiers accouchements, où la sf menait un peu trop la danse (position ultime d’accouchement qui l’arrangeait, par exemple). Et je suis heureuse d’avoir fait le choix de la naissance non assistée médicalement : choix (de manger, de bouger, me promener, crier, chanter, de position, etc), douceur, puissance, plénitude, complicité avec le papa, …
Il ne s’agissait pas uniquement d’échapper à la violence institutionnelle et à la déresponsabilisation, il s’agissait d’offrir à chaque enfant une naissance douce et paisible, loin des protocoles qui maltraitent le nouveau-né. Il s’agissait d’assurer la continuité familiale, d’inclure chacunE dans cet événement majeur et intime, et pour moi d’accoucher en conscience. Pleinement. De tout mon corps.
Que c’est beau… merci pour ces mots émouvants. Vos filles ont de la chances de grandir avec vous… elles enfanteront en femmes libres et conscientes grâce à vous qui avez ouvert ce chemin pour elles. Merci infiniment. Kxx
Quelle douce émotion , quand ce matin , je suis tombée sur cet article .
Il y a de cela 5 mois et demi à peu près, a la mi-juillet, lors d’une belle journée d’été , dans la piscine installée dans notre salle de bain, j’ai donné naissance à une magnifique petite fille , accompagnée de l’homme de ma vie.
La puissance, la beauté , la grâce, tout ce panel d’émotions indescriptibles, oui tout ça , chaque femme devrait pouvoir le vivre en toute conscience , tout comme je l’ai vécu .
Notre corps est une merveilleuse machine , qui dans son état naturel , est capable de bien des choses que notre mental de femme “civilisée ne penserais pas capable .
Femmes, faites vous confiance <3
Wow! La puissance, la beauté, la grâce… C’es tellement ça. Merci pour ce partage. k.xx
Merci pour ce beau texte, Karine, qui reflète complètement ma vision, mon expérience et ma compréhension du pouvoir d’enfanter en toute liberté et en puissance. J’ai toujours été suivie par des sages-femmes pour mes 3 accouchements à la maison, mais j’ai toujours choisi instinctivement de ne les appeler que très tard, alors que le bébé était en train de naître , afin de vivre ce rituel seule. J’ai laissé entrer dans ma bulle, dans ma caverne, mon chum, mes enfants, seulement pour souhaiter la bienvenue au nouvel être qui arrivait.
Mais la traversée, le grand voyage de la mort à la vie (car avant de naître, on doit mourir et ce moment de grande intensité émotive et physique de la transition est pour moi cet instant où le bébé doit abandonner son état utérin, y mourir et choisir de tout abandonner de son monde pour le nouveau qui l’attend), j’ai toujours choisi de le vivre, de l’assumer, de l’accepter, seule, dans mon propre cheminement, mon rituel, avec cet être à s’incarner.
Tant de superficialité dans la façon aujourd’hui de conceptualiser, d’accompagner la naissance. On devrait se faire tout tout tout petit devant la grande grande grande traversée d’une femme qui enfante!
MERCI! je t’aime
Oh Lyne, moi aussi je t’aime. Tu me manques… merci pour ton partage du coeur et de la conscience. LOVE. kxxx
Beau texte… tellement indispensable à faire lire à tous les futurs parents… Non, la naissance n’est pas intrinsèquement dangereuse, et nous les femmes, nous sommes belles, et fortes, et emplies d’une puissance énorme !
J’ai donné naissance à mes 2 premiers enfants à l’hôpital, clouée sur une table les cuisses ouvertes, le sexe incisé sans que j’ai été prévenue, recousue sans anesthésie… Ces naissances volées me resteront toujours sur le coeur. Une troisième naissance à la maison, accompagnée par une SF, m’a rassurée et redonné confiance en moi, les trois suivantes, ont eu lieu dans l’intimité de notre foyer, et c’était à la fois tellement doux, tellement intense, tellement puissant, fort et joyeux ! Je me suis sentie tellement FEMME à ces moments !
Ce qui m’a aussi le plus émue et marquée, c’est à quel point ces naissances libres “coulent de source” comme quelque chose d’infiniment naturel, comme un événement du quotidien, qui s’inscrit dans la vie familiale… Les autres enfants le vivent parfaitement bien eux aussi, j’ai été très touchée lors de la dernière naissance que mon fils de 5 ans vienne tenir le pommeau de douche sur mon dos douloureux de sa propre initiative : pour lui, tout était normal, il n’était ni inquiet ni étonné des choses qui se jouaient là sous ses yeux…
Quelle beau ciment pour une famille !
Je n’ai qu’un mot à dire à toutes les futures mamans : réappropriez-vous vos corps, reprenez confiance en vous, vous êtes tellement merveilleuses !
Wow! Quelle histoire de famille (nombreuse!), assumée et puissante. Et dire que des femmes se font encore dire “épisio aux deux premiers, épisio au troisième!” Vous êtes la preuve vivante que la naissance est un événement familiale… tant qu’on décide de l’assumer! Merci pour ces mots précieux et puissants Emmanuelle. Kxx
Bonsoir Karine,
Je vous lis depuis quelques temps, et l’article que vous venez de publier me touche spécialement puisque je suis une de ces femmes qui a accouché en famille!
Nos 2 aînés sont nés à la maison avec des sages-femmes quand nous habitions en Italie. A notre retour en France, nous avons découvert que nos sages-femmes avaient la vie dure; celles qui osent accompagner les naissances à domicile sont traquées par l’ordre des sages-femmes lui même (entre autre)!!!
Nos 2 autres enfants sont nés en famille, et après la dernière naissance j’étais en effet étonnée de sentir à quel point ce moment tout à fait extraordinaire de la naissance d’un nouvel être pouvait être en même temps si ordinaire 🙂
Merci pour vos mots si justes!
Voici les récits de ces 2 naissances libres: https://www.dropbox.com/s/ggs7qua849n241p/141103%20Naissance%20libre%20de%20Gabriel.pdf?dl=0
https://www.dropbox.com/s/r91jng32i5qq7b6/170404%20Naissance%20libre%20d%E2%80%99Ambre.pdf?dl=0
Marie, merci pour ce partage si intime et puissant. Vivement la fin des vacances (demain!) que je puisse m’arrêter et lire vos récits… AMOUR. k.xx
Merci Marie, c’est tellement beau. J’ai les larmes aux yeux! J’ai tellement envie de vivre ce que tu as vécu pendant ces deux accouchements!
Merci pour vos récits, je découvre peu à peu l’univers de ces femmes fortes comme qui enfantent en famille, et me dis que peut-être j’y viendrais aussi. Ca m’intrigue sans vraiment m’étonner à la fois.
Mais que de belles histoires. Merci de nous les avoir partagée
Merci pour ce beau texte ! Je répète souvent à mon ainé que c’est lui qui m’a faite maman. Mais je ne le suis pas devenue grâce à sa naissance au sens strict du terme. J’ai été déclenchée, sous péridurale, coincée pendant des heures sur la table pour finir par me sentir profondément incapable de faire quoi que ce soit – et encore moins de pousser – avec les pieds dans les étriers et un gynéco qui me hurlait dessus à chaque contraction et se désintéressait de ce qu’il se passait dans l’intervalle. Je passe sur l’épisio non annoncée, recousue trop serrée etc. Bref… je suis devenue mère grâce à mon grand garçon, mais j’ai été accouchée et je n’ai pas accouchée. Spectatrice et non actrice.
Je savais donc parfaitement ce que je ne voulais pas la deuxième fois. Mon premier m’a faite maman, mon deuxième m’a faite louve, mère et animal, pleine et entière, puissante et instinctive, et dans la vie, dans cette vie que je donnais. Comme si je me sentais faire partie de ce tout qui vit vraiment, au rythme du temps, des naissances et de la mort aussi c’est vrai. En revanche, cette possibilité de la mort je ne l’ai pas acceptée et c’est pourquoi j’ai accouché en maison de naissance. J’étais libre. Libre de me mouvoir comme je l’entendais, libre d’accoucher dans la position que je voulais à l’endroit où je le désirais. Et surtout accompagnée de la seule sage femme qui m’avait suivie toute ma grossesse et de mon compagnon. Ca a été un moment très fort. Vraiment. Sans aucun doute le moment le plus fort qu’il m’ait été donné de vivre. C’est magique et effrayant de se sentir connectée à son soi animal, à un instinct plus fort et plus exigeant que tout le reste, qui nous indique quoi faire. Et j’ai été très libre de laisser place à cette vague là parce que justement je savais qu’en cas de problème, le bloc était à deux pas. Mon fils est né avec deux tours de cordon autour du cou. La sage femme était là pour le dégager et tout s’est bien passé. J’aurais certes pu choisir de m’informer pour pallier à ça toute seule mais libérée de ces angoisses là j’ai pu accoucher vraiment. Et laisser place à cette part animale en moi que la société actuelle ne nous permet malheureusement plus d’exprimer.
Magique. Merci pour ce partage puissant. Wow et re-wow! J’adore ce passage: “Mon premier m’a faite maman, mon deuxième m’a faite louve…” Bravo pour ce chemin parcouru jusqu’à votre vous sauvage et libre. Kxx
[…] Un article de Karine la sage-femme […]
Moi aussi je suis de celles qui ont choisi une naissance libre et je suis heureuse que la parole se libère à ce sujet et que nous osions de plus en plus partager notre expérience. Pour moi, la compréhension intime de ce qu’est l équilibre des contraires, embrasser la vie et la mort, la connexion à l instant présent et à sa puissance… À 43 ans l arrivée de mon troisième enfant a été la consécration des retrouvailles avec mon être spirituel et la joie qui l accompagne : le ciel et la terre réunis
Mon témoignage: page 18 du numero 24, juillet 2017, du magazine au nom du corps: https://madmagz.com/fr/magazine/1108975#/page/18
Une vidéo de ma chaîne YouTube sur ce sujet :
https://youtu.be/8VsSnq8y6sY
Oh wow! Delphine j’ai adoré votre vidéo YouTube. Vous avez accouché seule (en famille) à 43 ans… C’est très cool!!! Saviez-vous qu’entre professionnels ils catégorisent les femmes qui accouchent à cette âge des “grossesse gériatrique”. Bon, ce n,est pas écrit nul part, mais de vive voix c’est un terme que j’ai entendu souvent! Imaginez toutes les interventions dont vous vous êtes “sauvée” avec ces choix de liberté assumée. Bravo!!!
Merci pour cette article si bienveillant sur un sujet souvent mal compris !
J’ai particulièrement aimé ce passage :
“Au fond, ces femmes ne sont pas si différentes de vous et moi. Elles ne sont pas plus braves, ni plus folles. Elles ont peur elles aussi, comme toutes les femmes qui s’en vont accoucher. Elles ont leurs craintes, leurs peurs et leurs angoisses. Seulement, elles font avec. Elles se gèrent !
La différence, je crois, c’est que ces femmes acceptent davantage que la vie est plus grande qu’elles et qu’au final, on n’a pas grand pouvoir sur la vie, la mort et la maladie.”
Mes 2 premiers accouchements m’ont laissé un goût amer même s’ils ne se sont pas trop mal passés quand même. Mon 3e était prévu en AAD mais j’ai prévenu la sf trop tard et elle est arrivée quelques secondes ou minutes après la sortie de mon fils.
Je pensais que de vivre un moment pareil me ferait me sentir forte et fière de moi, mais en fait il m’a surtout appris l’humilité et m’a fait me rendre compte réellement, beaucoup plus qu’à la clinique, à quel point la vie et la mort sont proches ce jour-là, et à quel point on n’est rien du tout face à la Toute-Puissance de Dieu Qui Seul peut faire que tout se passe bien.
J’étais à la fois heureuse et fière quand même de pouvoir montrer que c’est possible d’accoucher seule, et en même temps tellement consciente que je n’y étais finalement pour rien dans ce miracle de la naissance.
bonjour Carine,
“naissance en famille”…mais oui, c’est ça! Merci pour ton article et ce nouvel éclairage! J’ai donné 5 fois naissance chez moi, pour ma plus grande joie; Heureuse d’avoir pu donner un bon départ à chacun de mes enfants, même si rien n’est jamais acquis pour la suite! j’ajoute que d’avoir eu le privilège de donner naissance naturellement m’aide à dépasser la dichotomie “mère-putain”. Pour mon dernier accouchement en juin 2017, j’avais coaché le papa en lui disant “c’est un peu comme faire l’amour. il faut que tu sois présent comme quand on fait l’amour” Il était d’accord à fond! Je crois meme que le maternage est une continuité de la sexualité…
merci pour tout, bonne continuation!
voici les récits de 3 de mes accouchements: (si ça ne passe pas, me redemander)
/home/pauline/Documents/ récit de naissance des enfants/naissance de Joana – mardi 6 juin 2017 version publique.doc
/home/pauline/Documents/ récit de naissance des enfants/naissance d’Achil – vendredi 11mai 2001.doc
/home/pauline/Documents/ récit de naissance des enfants/naissance de Mio – Samedi 20 mars 1999.doc
Merci Pauline pour votre témoignage! Malheureusement nous ne pouvons pas lire vos récits… pouvez-vous me les envoyer à karinelasf@gmail.com ? Ce serait génial! Au plaisir et bravo pour cette belle conscience. kxx