Quand une femme qui voulait accoucher par son vagin a eu une césarienne, elle a besoin de comprendre pourquoi son corps n’a pas «réussi» à sortir son bébé. On sait tous que si on comprend le pourquoi du comment d’un événement indésirable, on est plus enclin à l’accepter et éventuellement, en guérir.
Les médecins qui font les césariennes n’expliquent pas toujours à la mère comment le bébé était placé dans leur bassin. Ils sortent les bébés et les placentas et ils referment le ventre, laissant les mystères du «pourquoi» planer à jamais.
Bien sûr, certains médecins prendront le temps de regarder, sentir et comprendre une fois à l’intérieur de l’utérus, pouvant alors expliquer à la femme que, par exemple, le bébé avait quatre tours de cordon et qu’en plus il était en postérieur. Mais malheureusement, les médecins pratiquant des césariennes en tenant compte du besoin émotionnel de comprendre sont encore trop peu nombreux.
La plupart du temps, la femme césarisée se retrouve donc seule avec ses questions. Pire encore, on ajoute parfois au mystère des phrases comme «En tout cas Madame, quand bien même on aurait encore attendu, votre bébé n’aurait jamais pu sortir !»
Le rituel du bain de bébé après une césarienne
Au fil des ans, j’ai accompagné quelques femmes à travers ce processus douloureux qu’est la guérison d’une césarienne non désirée.
J’ai appris que si on ne peut pas revenir en arrière et changer l’issue de l’accouchement, on peut mettre en place certaines choses pour aider la femme à comprendre et éventuellement, on l’espère, à guérir.
Le rituel du bain de bébé, ou refacilitation de la naissance, est une des choses qu’on peut mettre en place. C’est en effet un outil fantastique pour comprendre les mystères que laissent planer une césarienne.
À l’hôpital avec laquelle je travaille, les chambres sont équipées d’un bain assez profond permettant de faire ce rituel aussitôt que le lendemain de la naissance, alors que tout est encore frais.
Un bébé placé en postérieur, défléchi, acynclite, en front ou en face, qui essaie de se placer en vain, et qui est finalement sorti par forceps, ventouse ou césarienne, arrive avec une charge physique, émotive et psychique qui gagne à être détricoter rapidement.
La refacilitation de la naissance sert à ça. Elle aide les bébés à dénouer leurs tensions et traumas créés par l’accouchement, tout en permettant aux parents de comprendre ce qui s’est passé, et possiblement pourquoi on a dû intervenir.
La refacilitation de la naissance
Elle se fait dans un bain assez chaud, autour 37,5 – 38 °C. Je vous invite à visionner ce vidéo de Marie Panier (ostéopathe de renom en Estrie), pour bien voir comme se déroule ce bain. C’est ici.
Le but de l’exercice est de tenir seulement la tête du bébé et de laisser le corps tout entier pendre dans l’eau. Il faut que le cou et le corps soient entièrement libres de bouger, sinon l’exercice ne servira à rien.
On laisse d’abord bébé flotter, puis, après un moment, il va se mettre à bouger, pour détricoter ses tensions et nous montrer tout ce qu’il a fait pour «essayer» de naître.
Dans certains cas, comme les présentations du front, défléchi ou acynclite, le bébé va aller jusqu’à se désaxer la tête à 90 degrés de la colonne vertébrale, ce qui est très impressionnant. Quand on voit ça, on comprend que le passage a pu être impossible.
À certains moments dans le rituel, il va pleurer. Il nous raconte. On l’écoute, on le rassure.
Quand on le fait au lendemain d’une césarienne, la mère est installée sur une chaise à côté de la baignoire. On s’assure qu’elle soit le plus confortable possible, avec autant d’oreillers et de flanelles qu’il le faudra. Elle regarde, et souvent, elle pleure.
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«Regarde comme il a fait tout son possible pour se défaire de là… C’est normal qu’il pleure un peu. Il nous raconte. Tant que ça reste dans la douceur comme ça, c’est parfait. Oh! Regarde comme il essaie très fort de se placer…»
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L’eau fait son travail.
Après un certain temps, tel qu’expliqué dans le vidéo, le bébé se calme et revient à la surface, il se laisse flotter. Mais lors d’un premier bain-rituel après un accouchement instrumenté, ou chirurgical, il n’est pas rare que le bébé ne trouve pas son calme par lui-même.
Il est fort probable que cette première fois, il nous montre seulement à quel point il a tout essayé pour naître. Il va pleurer un peu, se calmer, pleurer encore, se calmer, mais après un certain temps, il peut se mettre à pleurer vraiment fort… un pleur de détresse, certains on parfois l’air de nous crier la peur de mourir.
Quand bébé pleure à ce point, évidemment c’est assez, il faut le prendre, le coller et le rassurer. Le bain est terminé. Il continuera de dénouer ses tensions lors d’un autre bain. Ainsi, peu à peu, avec l’aide de l’eau et du temps, il va dénouer sa naissance et trouver l’équilibre dans son corps. On peut faire ce bain-rituel tout au long des premiers mois de vie.
Les pleurs qui nous racontent
Ce moment où le bébé «crie» la fin de ce premier rituel du bain, je l’interprète comme le moment de l’accouchement où la naissance a due être instrumentée.
Par ses pleurs et ses cris, le bébé nous raconte sa détresse devant l’impossibilité de naître. Il nous exprime à quel point il était temps qu’on arrive avec notre science. Si à l’accouchement c’est la césarienne qui l’a sauvé, lors du bain ce sera les câlins, les voix rassurantes, et le sein !
Grâce aux mouvements qu’il nous a montrés et les pleurs qu’il a pu exprimer, on comprend un peu plus, et éventuellement on accepte…
C’est la vie.
Plus calme après
Après ce premier bain, on voit souvent que le bébé est plus calme, comme s’il était soulagé, libéré.
Évidemment, il n’y a ni promesse, ni étude scientifique à l’appui des bienfaits de la refacilitation de la naissance, il faut l’essayer pour comprendre et constater tous ses possibles.
Pour plusieurs sages-femmes, c’est définitivement un outil dont on ne se passerait plus!
Et vous, l’avez-vous expérimenté (ce bain thérapeutique) avec votre nouveau-né? Si oui, qu’avez-vous observé?
J’aurais aimé que mes enfants puissent vivre ça. Je pense que leur naissance crée des tensions qui en grandissant sont parfois difficile à gérer pour eux. Mon fils a toujours eu du mal à s’endormir (en plus de la césarienne nous avons été séparer pour que je me “repose”! Toute la nuit, je n’ai fais que pleurer !! Ils m’avaient fait passer une psy pour me calmer alors que je voulais mon bb). Ma fille la césarienne était très respectueuse elle est rester avec moi non stop, mais malgré tout j’ai une enfant qui a besoin d’être rassurer sur ses capacités, notre amour ect et ça lui crée beaucoup de tension. … je suis sûr que l’accouchement n’est pas anodin à tout ça
J’aurai vraiment aimé rencontrer des sages femmes comme vous après la naissance de mes enfants.
La 1ère est née par césarienne (présentation frontale) et jamais personne ne s’est assis à côté de moi pour écouter ma souffrance… Ma fille elle même pleurait beaucoup… Je me sentais tellement nulle, impuissante face à mon bébé…
Mon fils est né 4ans1/2 après, par voie basse (présentation du front également mais repositionnement fait rapidement par l’équipe), mais il a dû naître rapidement et a eu du mal à s’adapter à sa vie extra-utérine et était polypnéique et désaturait, il a été hospitalisé quelques jours en UPM juste au bout du couloir.
Malgré tout cette seconde naissance m’a réconcilié avec la 1ere, je peux désormais parler sereinement de sa naissance avec ma fille, mais c’est tellement dommage d’avoir dû attendre presque 5ans… Mais elle a toujours besoin d’être rassurée sur ces capacités, sur notre amour.
Par contre, j’ai eu plus de faciliter à apaiser les angoisses de mon fils, étant moi même plus sereine avec cet accouchement.
Il est vrai que ça prend souvent une naissance victorieuse pour finalement guérir une césarienne, ou un accouchement traumatique. Merci pour votre partage et vos bons mots. <3
Bonjour,
ma fille a 10 mois et est née par césarienne. Je n’ai pas eu de travail, la césarienne a été faite à 2 jours post terme car il n’y avait plus de liquide, le monitoring n’était plus bon et comme elle était placée en siège, un déclenchement n’était pas envisageable.
Y aurai t il encore un intérêt à lui proposer ces bains ?
À 10 mois, elle va beaucoup bouger je pense! Je ne sais pas si elle se laissera tant flotter. Mais vous pouvez essayer quand même, on ne sait jamais. Moi, je trouve qu’autour de 4 mois, les bébés sont moins consentants pour ce genre de bain… Vous pourriez essayer l’ostéo peut-être ?
[…] « Guérir » d’une césarienne à l’aide du bain et aider votre bébé à évacuer les tensions de l’accouchement grâce au bain. […]
Ça c’est vraiment trop bon comme article et informations! Que je suis contente d’être au courant! À quand les Gentle C-sections ici au Québec suivies de ces bains? Wow, juste wow! J’aurais tant aimé que ma sœur puisse vivre ses 3 césariennes comme ça! Elle a été presente pour 5 de mes 8 accouchements et il a fallu que son premier ait un placenta previa! 😔. Avec les années elle a fait la paix mais je sais qu’elle a traversé un grand deuil…avec un courage je j’admire!
J’aurais aimé connaître ces méthodes dans les temps suite a mes deux césariennes. J’ai même tenté un accouchement victorieux avac en MDN mais sans succes. J’imagine que d’aboir Fais la paix moi même avec mes accouchements est déjà une partie de gagnée, mais pour l’impact sur mes enfants je me sens très impuissante.
Mon dieu, comme j’aurais aimé vivre cela !!!!! Mon premier bébé était si “coincé” qu’il parvenait, dès son 1er jour de vie, à se retourner, en mettant sa tête tout en arrière ! Votre texte fait tellement écho ! Une douce ostéopathe l’a “remis en place” mais le rituel du bain dont vous parlez nous aurait été si bénéfique. Merci pour ce que vous faites ! 🙂
Comme j’aurais aimé cela!!!!! Je ne savais même pas que c’était possible….Je me suis acharnée pour rien, bébé ne passait simplement pas….je m’en suis vraiment voulu, et je me suis toujours demandé si ça avait été aussi pire pour lui que pour moi, s’il avait été “affecté” par le fait que je m’acharne autant pour accoucher naturellement. Déjà qu’on m’avait provoquée pour pré éclampsie, je ne voulais donc pas “finir en césarienne” et “échouer” mon accouchement tsé….mais j’aurais tellllllllllement aimé pouvoir faire ça avec mon fils, pour comorendre et l’aider aussi.
Je viens de lire ton billet et des larmes coulent doucement sur mes joues. C’est exactement ce que j’ai fait les premiers bains de mes bébés, comme instinctivement, j’observais leurs petits corps et leurs pleurs. Maintenant je fais le lien, ce qu’ils me racontent, l’histoire de leur naissance. Wow .. que je trouve ca beau.. et doux. J’ai envie de poursuivre pour les prochains bains cette guérison, cette compréhension dont nous avons tant besoin. Je la vois et je la sens cette détresse qui nous as conduit en salle d’opération. Et oui, il y a urgence de nous libérer de ces traumas. Merci d’éclairer mon parcours de maman depuis la grossesse, ca change tout. À chaque fois! xx
Aussi j’aurai aimé savoir ceci à temps. Mon fils a 4 ans déjà et j’observe que son corps a beaucoup peur, beaucoup. Il n’a pas un charactère peureux, mais pourtant son corps garde qqchose qui le fait être dans un état rigide, maladroit mais comme prit par une peur i intériorisée. Mon fils a passé le dernier trimestre san bouger autre chose que ses pieds, je sentais comment il pédalait en panique… c’était bizarre. Puis il s’est retrouvé plus serré au fur et à mesure du temps, et il n’est jamais parvenu à se libérer, sa tête est restée tout le temps derrière ma côte droite, coincée. Durant la césarienne, j’ai pleuré du début à la fin, j’ai senti comment le docteur a du arracher mon fils de derrière ma côte avec une telle force que ma poitrine et estomac se relevaient. Je sens que son état de corps garde une mémoire de ce moment. Que pouvez vous me recommander? Mon fils n’est pas souple, son corps panique quand je le prends dans mes bras, il n’arrive pas à se relâcher… c’est difficile à expliquer! Il se tensionne et devient rigide a n’importe quel petit défit quotidien, bien dans son âge et capacités à l’envisager. Descendre de la voiture, sauter etc. Merci de vos conseils.