Il y a urgence de changer les mots pour parler et penser la naissance. Il y a urgence non pas par caprice de quelques femmes « originales » qui veulent accoucher autrement que la moyenne du monde de l’ère moderne, mais bien pour la survie de notre espèce.
Comment se fait-il que deux cent mille ans plus tard, l’Homo Sapiens moderne ait perdu (à ce point) ses convictions dans la capacité de la femme à enfanter ? Jamais dans l’histoire on a autant douté du geste le plus primal du monde : l’enfantement .
Le mauvais langage pour parler de la naissance
Après plus de quinze ans à observer les naissances et à à interroger ce non-sens qu’est la médicalisation des accouchements pour l’évolution de notre espèce, je crois qu’une des explications —pas la seule évidemment— de cette perte d’autonomie des femmes et des familles dans la mise au monde de leurs enfants, c’est qu’on utilise le mauvais langage pour parler de l’enfantement.
L’émergence de la médecine obstétricale nous a certes apporté des savoirs fondamentaux pour comprendre la normalité du processus de l’accouchement et résoudre les situations dystociques qui en découlent parfois, mais l’utilisation généralisée de ses termes médicaux et complexes pour expliquer et enseigner l’enfantement aux familles n’est aucunement efficient pour favoriser une bonne préparation à la naissance.
Quand une femme se prépare à enfanter, et qu’elle apprend pendant sa préparation prénatale à la naissance que l’accouchement se divise en trois stades (la dilatation, la poussée et la sortie du placenta), qu’au premier stade elle aura une latence dont les contractions ne comptent pas vraiment, un travail actif qui la fera dilater jusqu’à 7-8 cm et une transition qui l’amènera à s’ouvrir jusqu’à dix centimètres pour enfin pouvoir pousser, il n’y a rien dans de telles informations qui la préparent réellement à ce qui l’attend dans l’enfantement.
La femme qui accouche ne se dit pas « Je suis « juste » en latence, je n’accouche pas encore ! », elle ne rationalise pas son état psychique en se rapportant à des centimètres de dilatation. En fait, il n’y a RIEN dans ce langage médical de la naissance qui les informe réellement de ce qu’elles vont ressentir, vivre, traverser et transcender en allant enfanter.
Nul besoin de chercher loin pour comprendre la panique des femmes qui accouchent quand le seul langage qu’on utilise pour expliquer la naissance se résume à une fréquence et durée des contractions, et finalement, à des centimètres de dilatation.
L’enfantement est un processus qui se vit bien au-delà des centimètres, des secondes et des minutes. C’est un processus complexe et non rationnel (à l’antipode des chiffres) qui s’apparente davantage à un rite de passage, lui-même défini par une panoplie de sensations et d’altérations de la conscience faisant en sorte que la femme se dilate, de son cœur à son col, pour laisser naître son enfant.
Je suis convaincue que pour renverser la pendule de la médicalisation des naissances vers une réappropriation complète du pouvoir d’enfanter des femmes, il faut passer par un changement radical de notre façon de parler et d’expliquer la naissance.
Il y a urgence de démédicaliser les mots pour parler d’enfantement. Il y a urgence de commencer à parler d’enfantement, de mise au monde, et pas seulement d’accouchement. Il y a urgence réinscrire le processus de donner la vie dans un continuum de santé lié à une capacité féminine millénaire.
Le nouveau langage de la naissance
C’est exactement ce que nous propose le nouveau langage de la naissance. Un langage émergent qui ne date pas d’hier, mais que la sage-femme Whapio Diane Bartlett (ma mentore) (1) est venue définir avec une intelligence (quasi prophétique) en douze étapes simples qui résonnent parfaitement avec ce continuum naturel de l’enfantement, que j’appelle le « Vortex de la naissance ».
Dans ce nouveau langage, rien n’est balayé, tout est là, la science et le sacré. Dans ce nouveau langage, tout est dit. Quand on le comprend bien et qu’on accepte de recevoir ses enseignements avec l’humilité de l’observation, c’est comme s’il n’y avait plus de mystère.
Dans ce nouveau langage, la sagesse et la sécurité de l’enfantement sont mis en évidence, imposant alors la crédibilité de la confiance et du respect infini envers la capacité de la femme qui enfante.
Évidemment, c’est ce nouveau langage que je présente dans ma préparation virtuelle à la naissance et déjà les femmes et familles qui ont suivi cette formation adopte le nouveau langage avec une facilité évidente.
En quoi consiste ce nouveau langage ?
Plutôt que de définir l’accouchement comme un processus biomécanique définit par des chiffres (dilatation, effacement, durée, fréquence de contractions, etc.), le nouveau langage parle plutôt de l’enfantement comme un processus continu qui commence dès le troisième trimestre de la grossesse, avec l’embarcation.
Sans négliger l’explication des changements physiques et des processus biomécaniques, ce nouveau langage est basé sur l’explication des différentes altérations de conscience de la femme comme étant une conséquence des sensations physiques de la mise au monde et de l’impact de l’environnement de naissance.
Il parle de l’enfantement comme un voyage vers l’ailleurs où l’on devient mère. Il explique la séparation de la conscience avec la réalité ordinaire (fin de grossesse et début de l’accouchement) et le début du voyage sur le pont du subconscient (début du travail), jusqu’au subconscient (l’accouchement) et ultimement jusqu’à l’inconscient (quand la femme est toute ouverte et sur le point d’avoir son bébé).
Ce nouveau langage explique que c’est au sommet du vortex de naissance —souvent appelé la « phase de désespérance » ou la « transition »—, une fois que la femme aura accepté la fragmentation —l’ouverture ultime— dans tout son être, qu’elle aura accès à la dimension de l’inconscient, là où elle pourra enfin télécharger les connaissances et l’instinct pour être la mère de cet enfant.
Je vous invite à lire ce billet si vous voulez en savoir plus sur toutes les étapes de ce vortex de la naissance.
Les effets positifs de ce nouveau langage
Depuis que j’ai découvert ce nouveau langage de la naissance, en 2013, tout est différent pour moi comme sage-femme. Et du coup, tout est encore mieux pour les femmes et familles que j’accompagne…
Si vous saviez à quel point tout est différent.
D’abord, ce nouveau langage parle vraiment aux femmes qui s’en vont enfanter. Toutes disent à peu près les mêmes mots, qui se résument en gros à :
« J’ai l’impression de savoir où je m’en vais, ce qui va se passer, et ce que j’ai à faire. Je n’ai plus peur, presque. »
Évidemment, l’inconnu reste inconnu, mais parce qu’elles ont compris l’importance et les particularités de chaque étape, il devient plus instinctif pour elles de plonger avec confiance et acceptation dans la puissance de ce vortex à la sagesse millénaire.
Et quand elles reviennent de ce vortex, qu’on en reparle en postnatal, elles disent presque toute la même chose :
« Je savais où j’étais et ce que j’avais à faire. »
« Je me suis souvenu du sommet quand j’ai pensé mourir, je me suis rappelé que c’était normal… »
Bref, ce nouveau langage de la naissance est une sorte de clé pour renverser la médicalisation de l’accouchement et son système patriarcat-dominant. C’est à mon avis le nouvel alphabet qui fera émerger un nouveau paradigme de la naissance, où l’accouchement se vit entre sciences et sacré, dans la confiance et la conscience.
Le nouveau langage : des résultats qui parlent d’eux-mêmes
Depuis que j’applique dans ma pratique de sage-femme les fondements de l’approche quantique associée au nouveau langage de la naissance, je vois concrètement les résultats dans ma pratique.
L’idée n’est pas de me vanter avec des statistiques surprenantes, loin de là. En fait, je ne me donne aucun mérite sur l’expérience des femmes et familles que j’accompagne. Seulement, je vois bien depuis l’adoption de l’approche quantique dans ma pratique comme sage-femme, tout est différent.
Avant, malgré ma bienveillance innée, j’avais souvent des transferts, les hémorragies étaient choses assez fréquentes, les décélérations du cœur fœtal à la poussée aussi, pour ne donner que quelques exemples. Mais depuis mon évolution vers l’approche quantique de la naissance, ces scénarios sont devenus exception. Les femmes accouchent et les bébés naissent, tout simplement, avec parfois quelques défis, mais sans plus.
Comme l’année qui tire à sa fin, je fais toujours un bilan sur les accouchements de la dernière année, et encore plus d’années en année je peux vous confirmer que cette approche a des résultats tout à fait extraordinaires, et rassurants.
Rassurants, parce que ces résultats viennent confirmer les prémisses de la naissance (et de ce blogue) clamant que la femme a tout ce qu’il faut en elle pour accoucher son bébé et le placenta, que l’accouchement est un processus physiologique normal et sécuritaire, et que les bébés ont la force et la sagesse de naître. Ces résultats sont rassurants parce qu’ils nous donnent encore plus raison d’y croire.
Ces résultats ne sont en aucun cas le mérite de ma pratique ou de ma personnalité sage-femme, ils sont simplement le résultat d’une bonne préparation, d’un territoire de naissance optimal et d’une confiance vigilante et bienveillante en chaque femme qui accouche et chaque bébé qui naît.
Vivement le nouveau paradigme !
Ce billet n’est qu’un début. Je n’ai pas fini de vous parler de ce nouveau langage. Et je prédis même que de plus en plus de femmes, sages-femmes, doulas, et même des médecins vont en parler d’ici les vingt prochaines années.
Avez-vous seulement remarqué à quel point de plus de femmes, professionnels et blogueuses utilisent l’expression « Vortex de la naissance » depuis la dernière année ? L’émergence des consciences pour un nouveau paradigme des naissances est en cours, et c’est un honneur pour moi de faire partie de ceux et celle qui sèment les petites graines de conscience à travers, un billet, un accompagnement, et une préparation virtuelle à la fois !
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