Depuis que le monde est monde les femmes enfantent et les bébés naissent
L’enfantement est un processus physiologique exclusif à la personne enceinte, qui a fait ses preuves en terme d’efficience.
La science a rendu possible des naissances qui jadis étaient impossibles. Un bébé peut naître à 26 semaines et survivre. Une femme peut avoir cinq enfants en santé, au bout d’une seule grossesse. L’épidural endort les pires douleurs. La césarienne sort le bébé et le placenta à tout coup, et s’il le faut on sait même retirer l’utérus pour sauver la vie d’une femme.
L ’accouchement n’est pas pour autant un événement médical.
C’est un acte physiologique normal, profondément instinctif et intime, qui appartient à la femme, depuis bien avant la médecine obstétricale et gynécologique.
C’est parce qu’on est nés à une époque où la grossesse et l’accouchement sont médicalisés qu’on a pour la plupart oublié à quel point accoucher est un processus simple et inné, quand la femme est bien préparée, encouragée et soutenue.
Si tout le monde savait et proclamait l’idée qu’accoucher est une capacité sacrée que détient toutes les femmes, nous vivrions dans un monde complètement différent.
On ne réalise pas à quel point, en prenant la charge et les responsabilités de l’accouchement, les médecins ont non seulement volé aux femmes leur plus grand pouvoir, ils ont aussi changé les consciences et perceptions de notre espèces concernant la naissance.
« C’est moi qui vais vous accoucher ma petite dame. »
« Oui! Accouchez-moi Docteur, parce que moi je ne sais pas comment faire!»
À travers l’histoire, on nous a endormies, attachées, coupées, examinées, évaluées, violées et dénigrées. On a volé nos bébés, on nous a dit de ne pas allaiter, on a bandé nos seins et on nous a fait croire que les hommes savaient mieux que les femmes comment accoucher les bébés et en prendre soin.
Pendant des milliers d’années l’homme a laissé la femme accoucher en paix, s’en remettant à sa sagesse et son expérience millénaire, jusqu’à l’arrivée de la médecine testostérone-dominante qui est venue pousser la femme au dernier rang de l’enfantement, la réduisant au titre de «contenant à bébé », ou plus poliment, de patiente.
Perdre la conscience de son plus grand pouvoir
Après avoir brûlé les plus rebelles pendant des siècles, la pseudo civilisation de l’ère industrielle, chargée de son patriarcat-religieux, est venue éteindre massivement la confiance et la conscience des femmes dans leur capacité d’accoucher.
Pendant des milliers d’années, les femmes ont accouché avec leur propre et unique autorité, entre la foi et la peur. Elles savaient qu’elles pouvaient y rester, ou que le bébé pouvait sortir mort. C’était la vie, aussi cruelle puisse-t-elle l’être.
Quand les armées d’hommes médecins, bénis par l’église, sont arrivés comme des sauveurs dans le monde des naissance en proclamant des notions d’asepsie et de sécurité absolue, à condition de venir accoucher à l’hôpital, on a bel et bien vu les taux de mortalité maternels et néonatals diminuer. Du coup, tout le monde étaient convaincus !
On sait maintenant que c’est davantage l’asepsie que la médicalisation des naissances, qui était responsable des bonnes issues de l’hôpital.
Personne ne voulait mourir en accouchant, ou accoucher d’un bébé mort-né, alors tout le monde est allé accoucher à l’hôpital.
L’ère moderne et sa promesse d’un nouveau paradigme
Nous sommes présentement à l’ère moderne, cette époque où les consciences s’éveillent et s’élèvent. L’humain résiste encore beaucoup mais on observe quand même depuis l’an 2000, un processus de d’éveil populaire de plus en plus rapide.
Dans le monde des naissances, de plus en plus de femmes ne veulent pas “se faire accoucher”. On voit donc de plus en plus de gens accoucher avec des sages-femmes, des doulas, ou même seuls.
L’humain de l’ère moderne revient à l’essentiel, aux racines de sa nature. Il questionne, réfléchit, se positionne, il a des droits et des libertés.
Depuis cinquante ans, l’humanisation des naissances gagne du terrain. Les grandes organisations et les association de sages-femmes, gynécologues et obstétriciens ont tous l’objectif de l’humanisation des naissances. La femme qui accouche redevient humaine, elle n’est plus qu’un contenant à bébé !
On se rend compte qu’en intervenant moins, on améliore les issues, qu’en lassant la femme manger et bouger librement, dormir même si elle en a besoin, l’accouchement se passe mieux et que la satisfaction est augmentée. Quant aux traumas, parce que la naissance est sans violence, ils sont largement diminués.
On sait qu’une femme accompagnée, informée, motivée et consciente de son pouvoir, accouche sans soucis la plupart du temps. On commence à proclamer haut et fort qu’il faut reculer et laisser les femmes accoucher, même leur placenta. On sait qu’on peut avoir confiance au processus de la naissance et que l’accouchement n’est pas un acte médical qu’il faut prendre en charge.
La naissance est un processus physiologique normal et sécuritaire. Les femmes accouchent et les bébés naissent. C’est comme ça depuis que le monde est monde. Si vraiment c’était si dangereux, on ne frôlerait pas huit milliards d’humains sur Terre !
L’équilibre entre science et sacré
Si la science médicale moderne est capable de plus en plus de miracles, les femmes d’aujourd’hui ne savent pas moins accoucher qu’à l’origine du monde.
Elles n’ont pas plus besoin qu’on les prenne en charge, qu’on leur dise quoi faire, et qu’on les accouche.
Il y a urgence de revenir aux prémisses de la vie et de nous rappeler à quel point la femme sait accoucher. Qu’elle soit riche ou pauvre, jungle ou urbaine, elle porte la capacité d’accoucher dans chacun de ses chromosomes double-X, et si l’ère moderne l’a convaincue du contraire, ce n’est pas à cause d’un changement dans la nature de ses cellules.
Changer ses perceptions et ouvrir sa conscience
Avec l’humilité, on peut toujours changer ses perceptions et ouvrir sa conscience.
Du haut de notre titre et de nos expériences, nous pouvons tous et chacun être des agents de changement. La promesse d’un monde où il fait bon naître est réellement à portée de main.
Avec la Science, l’Ère moderne nous offre des possibilités presque infinies, mais il y a un besoin urgent de revenir au sacré de la naissance. Un besoin urgent que l’accouchement naturel, assumé, libre et conscient, redevienne notre prémisse de base.
Servons-nous de la science et de sa magie quand on en a besoin, mais pas d’emblée. Nous pouvons reculer et observer la naissance, personne ne va mourir.
D’autant plus qu’en reculant, la vue est plus claire sur ces moments précis où on doit réellement agir.
La science à juste dose
Comment rétablir l’équilibre du théâtre scientifique et médico-légal des naissance à l’ère moderne ?
La réponse se résume en un mot: Humilité
L’idée d’une société complète où les femmes accouchent dans leur pouvoir n’est pas impossible. La recette est simple, d’abord laisser à la femme ce qui lui appartient : son pouvoir.
Encourager sa santé et éveiller sa conscience de son pouvoir, pour que le jour de l’accouchement, son bébé naisse, puis le placenta. Qu’elle accouche, tout simplement.
Quant à nous, professionnels de la naissance, notre rôle c’est d’être là avec bienveillance et encouragements. Nous sommes là pour témoigner et normaliser le processus en cours, prêts à intervenir au besoin, mais pas d’emblée. Nul besoin de prendre la femme en charge. On est là et c’est tout. On agit s’il le faut, mais sinon on témoigne, voilà tout.
C’est en changeant la façon dont on parle de la naissance et en laissant la femme être au premier rang de son accouchement, que nous pourrons créer le nouveau paradigme de la naissance, cette ère où il fait bon naître et accoucher.
Merci pour ce bel article qui me met la larme à l’oeil au vu de mon vécu