Ça va de soi quand on y pense, puisque la femme n’est pas qu’un simple contenant à bébé dépourvu de sens et de psyché.

Laisser passer un être humain par un aussi petit trou demande forcément sa dose d’éclatements! Et je ne parle pas de périnée ici. Les périnées sont faits pour s’étirer. Je parle de l’éclatement de ses repères, son identité, ses conceptions, sa vie.

Naissance et fragmentation

Mettre au monde un enfant est un acte d’ouverture bien au-delà de la dilatation cervicale de l’utérus.

Pour tout dire, quand on comprend à quel point la naissance est d’abord et avant tout une dilatation du cœur et de la psyché, la dilatation du col en centimètres devient bien superflue, comme un détail négligeable de l’explication d’une naissance.

Évidemment que le col doit s’ouvrir pour laisser naître un bébé, mais pour que le col puisse s’ouvrir c’est avant tout la femme elle-même qui doit s’ouvrir, dans son cœur et sa conscience. Si le cœur et la psyché s’ouvrent, le col suivra tout naturellement.

Il n’y a rien à craindre de la fragmentation. Tout est normal et souhaitable.

Sous la puissance des contractions, aspirée par l’intensité du vortex de la naissance  la femme vivra une expansion de son être, ainsi, elle passera de femme à mère.

À moins d’accoucher avec une péridurale très efficace ou d’avoir une césarienne planifiée, la femme pour devenir mère doit inévitablement passer par la fragmentation de son identité jusqu’à ce jour.

Au retour du vortex de la naissance, la femme d’avant n’est plus.  La voilà devenue mère, certes, mais la voilà aussi devenue une femme nouvelle, encore plus forte et puissante. C'est qu'elle a rencontré en elle sa Sheela Na Gig . Je vous en parle bientôt dans un billet de cette déesse qui est ma préférée de toutes quand on parle d'enfantement.

La fragmentation commence par la panique

La fragmentation de la naissance commence d’abord par la panique face à l’intensité des sensations qui atteint le sommet du vortex.

Jusqu’à l’étape de la fragmentation, la femme en train d’enfanter assure (si elle s’est bien préparée). Elle danse ses vagues, embrasse l’ouverture, bouge instinctivement. Elle laisse s’exprimer sa femme sauvage qui enfante et parfois même, tient presque pour acquis qu’elle va y arriver.

Il n’y a rien à dire ni à faire. Elle le fait. Elle enfante. Elle est entre les mondes. Elle s’ouvre. C’est une étape presque «facile», quand on est bien préparé.

Mais il ne faut pas prendre cet air d’aller pour acquis. Certains diront que le pire est à venir. Je préfère dire que la fragmentation est à l’horizon.

Une crescendo de sensations

À un moment, quand l’ouverture arrive autour de 6-7-8 centimètres (si vous avez besoin d’un chiffre), l’intensité augmente soudainement en crescendo. C’est que le bébé est en train d’ouvrir le col au maximum pour passer à travers.

Cette amplification soudaine des sensations est déroutante. Un coupant mélange de col utérin qui tire plus que jamais, de rectum écrasé par la présentation fœtale, d’os et de ligaments étirés de l’intérieur comme si tout allait fendre en quatre. Bref, de quoi paniquer.

La femme se mettra alors à dire qu’elle n’en peut plus, que c’est trop dur, à demander:

 « Pourquoi c’est si dur? »; « Pourquoi moi?»; « Pourquoi certaines accouchent sans crier ?»; « Pourquoi moi je n’y arrive pas? ».

Oui, c'est moi! À mon dernier enfantement... 

La phase de désespérance

« MAMAN ! » 

« GOD help me GOD!»

La femme redevient une petite fille. Elle est victime de l’intensité déroutante. Comme écrasée par la vie qui lui passe dedans. Elle pleure. Elle s’effondre. Tous ses repères ont disparu.

« Sauvez-moi ! »

« Sortez-le de là ! »

« J’en peux plus. Je vais mourir !»

C’est à ce moment-là, si vous êtes à l’hôpital ou en maternité, que vos risques d’avoir la péridurale même si vous ne la vouliez pas augmentent en flèche.

C’est que la plupart des professionnels qui y travaillent ont appris à vouloir «sauver» la femme qui désespère en lui offrant la solution magique de la péridurale.

Mais la vérité c’est que la femme en phase de désespérance n’a pas besoin d’être sauvée. Elle a besoin qu’on lui dise tout simplement qu’elle le fait, que c’est normal, qu’elle peut y aller.

Elle a besoin d’entendre qu’on est avec elle, que tout va bien, que c’est NORMAL cette intensité, qu’elle peut plonger dedans sans avoir peur et que ÇA VA L’FAIRE !

Dans la phase de désespérance, la femme est devant un «Y»

D’un côté, il y a l’inconnu, la fragmentation, la transformation métaphysique, quantique spirituelle. De l’autre, il y a l’épidurale et sa cascade technocratique de la naissance médicalisée.

N’allez pas penser que je suis contre la péridurale. Parfois c’est effectivement l’intervention la plus appropriée et celle qui permettra à la femme d’enfanter par son vagin. Mais la péridurale offerte à la va-vite parce que les professionnels de la naissance ne sont pas assez solides ou outillés pour supporter les femmes qui enfantent, elle, je la dénonce.

C’est d’ailleurs pour ça que j’ai créé mon séminaire de trois jours sur « L’approche quantique de la naissance», afin d’outiller les professionnels à guider avec bienveillance et confiance les femmes vers leur fragmentation. 

L’abandon qui précède la fragmentation

Au sommet de la désespérance, quand même la femme la plus convaincue du monde doute de sa capacité d’y arriver, qu’elle pense qu’elle va mourir, que cette fois-ci elle n’y arrivera pas, que c’est trop, que c’est vraiment trop, que les autres fois ce n’était pas aussi dur, et que, d’un coup elle abdique, elle s’abandonne devant l’intensité plus grande qu’elle, qu’elle choisit le bon côté du «Y», c’est là qu’elle vit la fragmentation.

L’abandon est essentiel, obligatoire.

Quand la femme s’est abandonnée dans le sommet du vortex, qu’elle ne cherche plus de solution ni d’aide, qu’elle accepte de ne pas être sauvée par quiconque, qu’elle lâche prise devant l’intensité, au risque de sa vie, c’est là qu’elle vivra sa fragmentation.

C’est une sorte de mort quantique, comme un saut dans le vide sans espoir d’en revenir vivante.  

En s’abandonnant devant l’intensité la femme rompt le lien qui l’attachait à elle-même et à tout ce qu’elle a été et connu d’elle jusqu’à présent dans sa vie. Alors, elle se fragmente et se décorpore.


La décorporation qui suit la fragmentation

Une fois la barrière du corps physique fragmentée, la femme est propulsée dans la dimension de son inconscient, elle se décorpore de son corps, trop plein d’intensités, et, elle s’envole vers l’ailleurs où elle trouvera son bébé.

C’est comparable à une expérience de mort imminente et il y a tout à parier que la glande pinéale de la femme qui enfante et qui vit la fragmentation sécrète à ce moment même de la diméthyltryptamine (DMT).

La DMT est substance psychotrope qui expliqueraient, selon certaines études, les témoignages similaires des personnes ayant vécu une mort imminente : la décorporation, la vision de sa propre existence, la lumière, la rencontre avec des entités spirituelles, un sentiment de béatitude et d'amour infini, l'impression du contact avec le divin.

Bien sûr, la présence de DMT pendant la naissance n’a jamais été démontrée par la science et ce serait anti éthique d’essayer. Il vous faudra donc rester avec le fait que cela n’est qu’une hypothèse non fondée de ma part et des autres illuminés de la naissance qui pensent comme moi.

 Cependant quand on entend toutes ces les femmes témoigner avec lucidité et détails bien précis leur décorporation au moment du sommet du vortex, on ne peut qu’en conclure que ces histoires sont bel et bien réelles.

«Je suis sortie de mon corps et là j’ai vu des femmes assises devant des huttes en Afrique. Il faisait chaud. L’une d’elles m’a souri et là j’ai vu mon bébé qui était là.»

«Je suis sortie de mon corps et je me suis retrouvé dans les étoiles. J’ai vu le premier croissant de lune et ma fille était assise dessus. Elle avait autour de cinq ans.»

Elles parlent d’apparition d’animaux totem, de vol de condor, de survol du désert, de volcans, de plongeon dans l’océan. Et quand on les entend raconter ces histoires à donner envie d’y être, on ne peut qu’en conclure que la nature a tout prévu pour accompagner la femme qui enfante dans leur puissance.  

«Je suis sortie de mon corps et je me suis vu survoler l’océan et les volcans. Je suis arrivée au-dessus de la jungle et j’ai plongé vers le sol. Mon fils était là. Il avait autour de 5 ans.»

«Soudain, je me suis vue comme une guenon. J’ai vu mes yeux pleins d’intensité et j’avais ma main sur ma yoni. Mon bébé singe était en train de naître»

Après la décorporation, les sensations physiques sont amoindries, comme lointaines. Partie à la recherche de l’esprit de son bébé, la femme ressent les vagues qui tantôt lui poignardaient les nerfs comme des douces caresses qui la garde ancrée dans son corps malgré son envol.

Le bébé n’est jamais très loin après la fragmentation

Toutes les femmes qui vous raconteront ce genre d’histoire vous diront aussi que peu de temps après avoir trouvé leur bébé, celui-ci est né quelques minutes après par un réflexe d’éjection des plus puissants.

«Ça poussait. Moi je ne poussais pas. En fait, j’avais même envie de ralentir sa sortie! »

100% sécuritaire

Il ne faut surtout pas craindre la fragmentation de l'enfantement. Nous sommes des êtres magnétiques et si au sommet du vortex la femme se fragmente en milliards de morceaux, à son retour du vortex peu à peu les morceaux reviennent ensemble pour former  la nouvelle femme, la nouvelle mère qu'elle est devenue. 

C'est d'ailleurs quand on comprend à quel point la fragmentation est sécuritaire et souhaitable qu'on développe notre confiance inébranlable dans la capacité des femmes à enfanter leur bébé et le placenta qui vient avec. En d'autre mots, dans la capacité des femmes à enfanter l'humanité.

Une étape non reconnue encore

Je vous le dis d’avance, si vous cherchez l’info dans les livres d’obstétrique vous ne la trouverez pas. Pourquoi parler d’un tel phénomène dans un modèle patriarcal de la naissance qui réduit l’accouchement à un processus purement hormonal et biomécanique?

Les livres d’obstétriques, en général, ne tiennent pas compte de l’aventure psychique de la femme qui enfante. Ils la réduisent plutôt à un simple statut de contenant à bébé quand on y pense.

D’ailleurs, avez-vous remarqué que la naissance dans ces livres est toujours illustrée par une vulve et un début de cuisse sans jamais la femme qui enfante en entier?

Toutes les femmes ne vivront pas la fragmentation et encore moins la décorporation

En effet, toutes les femmes ne vivront pas ces étapes. D’abord parce que la plupart des femmes de nos jours se font accoucher en étant anesthésiée.

Il y a aussi le phénomène des femmes (plus rares) qui enfantent en silence et dans un calme total. Elles ne sont pas majoritaires, sachez-le. D’ailleurs, enfanter en silence ne devrait jamais être un but en soi. Cela dit, ces femmes rapportent souvent qu’elles n’ont pas vécu de panique. Certaines femmes même, arrivent à discuter très consciemment tout au long de la naissance et même pendant que bébé est en train de sortir. Un autre mystère du merveilleux monde de la naissance.

Sinon, il y a celles qui se fragmentent oui, mais sans vivre la décorporation. Je n’ai pas d’explication pour ça. Peut-être que certaines femmes ont simplement plus de facilité à lâcher prise sur leur corps et à se décorporer.

Personnellement, je me suis décoporée trois fois sur quatre. La seule fois où je ne l’ai pas fait, c’est pendant mon seul et unique accouchement orgasmique!

Le cocktail de la naissance, une drogue puissante

Je conclurai ce billet en disant que le cocktail d’hormones et des sensations de l'enfantement sont certainement la meilleure drogue qu'il y ait sur Terre.  C’est peut-être pour ça qu’une fois qu’elles y ont touché nombreuses sont les femmes à vouloir recommencer !


Et vous, avez-vous vécu une fragmentation pendant votre accouchement?

Racontez-moi en commentaires qu’on y ajoute des faits vécus.